Le complexe d’œdipe
- par gabriel
- dans Psychanalyse, Psychologie
- sur 10 juillet 2020
Le mythe d'Oedipe
Les villes d’Oedipe
Jocaste et Laïos :
Delphes, lieu où on consultait l’oracle, la Pythie, une devineresse qui exerçait dans un sous-terrain du temple d’Apollon.
Oedipe est recueilli par un serviteur de Polybe.
Oedipe tue Laïos
Oedipe répond à l’énigme de la Shynge.
Après la sphinx, un autre fléau, une maladie qui pourrait-être d’après des chercheurs une brucellose qui touche les bovins et les hommes dans le bassin méditerranéen, maladie connue d’Hippocrate et qui provoque des fausses couches.
Ce pourrait être aussi la fièvre typhoïde.
Jean Marais dans “La machine infernale” de Jean Cocteau.
Oedipe vieux, les yeux crevés.
Oedipe et Antigone
Jocaste et Laïos sont la reine et le roi de Thèbes. Ils ne peuvent pas avoir d’enfants . Laïos va consulter non pas le gynécologue du coin mais l’Oracle de Delphes, la Pythie qui lui annonce qu’ils auront bien sans tarder un enfant, un garçon mais qu’il tuera son père et épousera sa mère. Quelle horreur. Avoir effectué 180 km aller et retour pour s’entendre déclarer ça.
Lorsqu’ils ont, enfin le petit garçon qu’ils auraient pu chérir, ils décident de l’abandonner. Qu’aurions nous fait à leur place ? Pour eux, leur rejeton tout mignon qu’il est, est déjà un monstre. Ils le confient à un berger, un de leur serviteur qui sans scrupule va maltraiter le garçon en lui perçant les pieds pour l’attacher quelque part en haut de la montagne toute proche et l’abandonner aux rapaces et autres animaux féroces. Les pieds du bébé enflent après cette opération sadique avant la lettre (le mot n’existait pas encore). d’où le nom qu’on lui donnera plus tard. Oedipe signifiant pieds enflés. (On retrouve le préfixe dans le mot oedème). En route vers le lieu de son méfait, le berger croise de zélés serviteurs de Polybe et Mérope, le roi et la reine de Corinthe qui eux non plus ne peuvent pas avoir d’enfants. Leur union est stérile contrairement aux vignes des alentours.
Les serviteurs proposent de recueillir l’enfant et de le confier à leurs reine et à leur roi qui seront tout heureux de l’élever même abîmé. Le berger, dans un élan humanitaire insensé accepte.
Ainsi Oedipe est-il élevé avec amour par le roi et la reine de Corinthe qui sont ses parents adoptifs.
Mais un jour alors qu’il jouait aux cow-boys et aux indiens (non pardon aux spartiates et aux athéniens), il se fâche avec un camarade qui le traite de bâtard. Mais de quoi se mêle-t-il celui là ? Pour avoir le dessus, on passe à l’insulte !
Oedipe connaissant le sens de ce mot se met à douter de sa véritable ascendance. Il interroge ses “parents” qui bien sûr nient et tentent de le rassurer. Mais Oedipe, têtu veut connaître ses origines alors qu’il aurait pu sagement rester le petit garçon choyé par ses parents adoptifs. Il décide d’aller consulter l’oracle de Delphes, à 200 km de Corinthes. Elle a un succès fou cette Pythie ! Elle a aussi de la suite dans les idées. Elle lui fait la même annonce qu’à Laïos : il tuera son père et épousera sa mère. Mettez-vous à sa place, épouvanté, il décide de ne pas retourner à Corinthe afin d’épargner ceux qu’il considère malgré tout comme ses parents. Il se dirige vers une ville proche, Thèbes. En route il rencontre, le roi de cette ville, Laïos qu’il ne connaît pas. Ils se querellent pour une histoire de priorité dans un passage étroit. Laïos lui donne un coup de cane. Oedipe riposte et le tue. Déjà à cette époque on se querellait à mort pour une histoire de priorité. On n’a rein inventé.
La première partie de l’oracle est réalisée mais Oedipe ne le sait pas. Il a également tué les serviteurs de LaÏos sauf un qui prend la fuite. Et lui il sait qui a tué le roi.
Oedipe continue sa route et arrive quelques jours plus tard à Thèbes.
Jocaste, la reine apprend la mort de son mari. N’ayant pas de fils, c’est Créon, le frère de Laïos donc l’oncle d’Oedipe qui prend les reines du pouvoir.
Mais une horrible créature menace la ville, la sphinge ou la sphinx à tête de femme, au corps de lion ( rien à voir avec Richard) avec des ailes d’oiseau. Voilà les conséquences des manipulations génétiques !
Elle pose une énigme à chacune des personnes entrant dan la ville, une sorte d’octroi. Si le voyageur ne la trouve pas, elle le dévore s’il trouve, elle doit mourir. La sphinx pose donc son énigme à Oedipe : “quelle créature possède quatre pattes le matin, deux à midi et trois le soir ? “. Pour lui c’est une évidence et on s’étonne, même de nos jours, que personne ne l’ait trouvée.
Oedipe répond sûr de lui : “c’est l’homme”.
En effet au seuil de sa vie l’homme marche à quatre pattes, au milieu de sa vie il marche normalement sur deux pattes et enfin au soir de sa vie il doit en rajouter une sous forme de cane pour pouvoir garder l’équilibre.
Bravo, Il a bien répondu au jeu , il restera vivant. La sphinx se jette du haut d’un rocher et s’écrase au sol. Oedipe a débarrassé Thèbes de ce fléau. Pour le remercier Créon, le nouveau roi, offre à Oedipe sa belle soeur Jocaste en mariage. C’est vraiment de l’inconscience !
Oedipe épouse donc sa mère mais Oedipe ne le sait pas. La seconde partie de l’oracle est réalisée. Il donne à sa mère quatre enfants qui sont à la fois ses fils ou filles et ses frères ou soeurs. Il y a de quoi s’y perdre. Donc deux garçons, Etéocle, Polynice et deux filles, Ismène et Antigone. La petite dernière fera aussi parler d’elle. Vingt ans passent paisiblement. Oedipe est devenu roi au côté de sa mère. Il élève ses enfants. Mais un second fléau s’abat sur Thèbes. Plus aucune naissance ne se déroule normalement, les femmes accouchent d’enfants morts nés ou d’êtres monstrueux. Oedipe envoie des serviteurs consulter devinez qui ? A nouveau l’oracle de Delphes. La réponse n’est pas surprenante, l’assassin du roi Laïos doit être puni de mort. Le meurtrier est recherché sur les ordre d’Oedipe. Il ordonne donc qu’on le recherche. Tirésias un vieux devin est interrogé, mais il refuse de donner le nom de l’assassin. Oedipe l’interroge lui même. Il lui avoue tout. C’est bien Oedipe qui a tué Laïos. Personne ne veut le croire, encore moins Jocaste qui coule des jours heureux avec son fils et ses enfants. Mais Polybe son père adoptif meurt. Oedipe est rassuré puisqu’il n’a pas tué celui qui pour lui est son père. Mais un voyageur lui apprend que Polybe n’était pas son père qu’il avait été recueilli par un berger qui l’avait confié à Polybe. On fait venir le berger qui confirme la véracité des faits et qui lui apprend que son vrai père est Laïos et sa vraie mère Jocaste.
Devant l’horreur des révélations Jocaste se pend et Oedipe récupère un tison avec lequel il se perce les yeux. Juste châtiment pour tout ce qu’il n’a pas pu voir ?
Il errera le reste de sa vie accompagné de sa fille Antigone. Créon reprend les clefs du royaume de Thèbes.
Oedipe perdra la vie après avoir croisé les Erides, divinités chargées de punir les crimes familiaux. Oui, il existait une justice pour cela ! Son ami Thésée l’enterre avec tous les honneurs. Son lieu d’inhumation est désormais considéré comme un lieu sacré d’Athènes.
D’après
http://mythe.canalblog.com/archives/2010/08/06/18756776.html
C’est une histoire longue et compliquée mais utile à connaître. Elle engendre de nombreuses réflexions philosophiques.
La découverte de Freud : les stades du développement
Vocabulaire :
Complexe : ce terme indique quelque chose de compliqué, quelque chose qui possède plusieurs aspects. Le complexe d’Oedipe fait intervenir au mois deux composantes : l’amour pour la mère, l’hostilité envers le père.
On ne devrait pas parler de complexe d’infériorité qui est une notion simple, mais de sentiment d’infériorité.
Zones érogènes : Parties du corps très inervées qui, excitées, procurent du plaisir (bouche, anus, pénis…)
Castration : ablation des testicules chez l’homme, mais aussi parfois ablation du pénis.). En psychanalyse : tout ce qui peut manquer au sujet.
Les stades de l’évolution de l’enfant avant le complexe d’Oedipe :
Stade oral :
du fait des nombreuses terminaisons nerveuses autour des lèvres, sur la langue et dans la bouche, l’enfant éprouve du plaisir à sucer le sein de sa mère ou son biberon. D’autant plus que le contact est très étroit entre les deux. Lorsque l’enfant est repus, il s’endort avec une expression béate de satisfaction.
Lorsque les dents ont poussé, il aime mordiller le sein ou le biberon.
Stade anal :
La région anale est également très innervée. Lorsque sa maman commence à lui demander d’être propre et d’évacuer ses fèces dans un pot, l’enfant se plaît à les retenir et/ou les évacuer , ce qui lui procure ainsi du plaisir. Il obtient en retour le grondement de sa mère ou son contentement. De toute façon, à ce moment là, il est satisfait que sa mère lui prête attention.
stade phallique :
Le garçon commence à s’apercevoir qu’il peut jouer avec son pénis et la fille avec son clitoris. Tous deux découvrent la différence entre les sexes. C’est l’époque où le garçon aime diriger son jet urinaire.
La notion de stade n’existe pas vraiment.
Il est certain que pendant la phase d’allaitement l’oralité est primordiale. Mais elle continue à persister sous d’autres formes au stade suivant, le stade anal etc.
Avant le complexe d’Oedipe, Freud parle de l’enfant comme étant un pervers polymorphe. Il exprime toutes les formes de perversions sexuelles :
Sadisme : il aime mordre, il aime pincer et griffer, il aime tuer les petits animaux.
Masochisme : parfois ce sadisme se retourne contre lui s’il est battu par exemple.
Voyeurisme : il est curieux de la chose sexuelle.
Exhibitionnisme : Il ou elle aime montrer son sexe.
Attention :
Cela ne veut pas dire que les adultes puissent profiter de cette situation. Il est incongru d’exploiter le “masochisme” éventuel d’un enfant en le battant……
A la sortie de l’Oedipe, les pulsions sexuelles diminuent. C’est la phase de latence durant laquelle l’enfant peut apprendre sereinement.
Les pulsions se réveilleront à l’adolescence.
Sigmund Freud (1856-1939) est un médecin, neurologue qui cherche à soigner les névroses telle que l’hystérie (Paralysie des membres inférieurs sans lésion des organes par exemple.)
Au cours d’ un séjour à la Salpétrière, à Paris dans le service du Docteur Charcot, il s’initie à l’hypnose et à la suggestion.
Il rencontre Fliess , celui qui deviendra son ami et avec lequel il entretiendra une correspondance importante pouvant être considérée comme l’analyse de Freud
.
En 1897, Freud lui écrit : “J’ai trouvé en moi comme partout ailleurs des sentiments d’amour envers ma mère et de jalousie envers mon père, sentiments qui sont, je pense, communs à tous les jeunes enfants.
En 1905, dans “trois essais sur la théorie de la sexualité” il décrit les divers stades du développement sexuel de l’enfant.
En 1909 il entreprend avec le père de celui-ci, l’analyse du petit Hans, un jeune garçon, tellement terrorisé par les chevaux circulant dans VIenne, qu’il lui est impossible de sortir de chez lui.
Ce n’est qu’en 1910 qu’apparaîtra le terme de “complexe d’Oedipe”. Avant cette date, il définissait sa découverte par “complexe nucléaire des névroses” ou “complexe paternel”.
Toutes ces élucubrations freudiennes ne sont pas des délires mais sont étayées par l’écoute clinique de nombreux patients ou patientes; A partir de tout ces récits qui ont des points communs, Freud a reconstitué le “complexe d’Oedipe”
Le complexe d'Oedipe selon Freud
Chez le garçon.
Conscience de la différenciation sexuelle
Chez la fille.
Conscience de la différenciation sexuelle.
Il élabore ses propres conceptions sexuelles.
Il peut surprendre ses parents dans leur chambre ou bien imaginer ce qu’ils y font. C’est la scène primitive réelle ou fantasmée.
Les soins corporels qu’apporte la mère à l’enfant engendrent des émois et des excitations sexuelles (sein, toilettes).
De ce fait la mère est le premier objet d’amour chez le garçon et chez la fille, le père intervenant moins fréquemment.
Le garçon prend conscience que sa mère et son père puissent avoir des relations sexuelles.
Mais il a peur pour son pénis. Il a peur qu’on le lui enlève (angoisse de castration).
Il estime que sa mère demande beaucoup, mais qu’elle ne donne que très peu en échange.
Alors il se tourne du côté de son père. Un complicité entre eux s’établit. La menace de castration s’atténue.
Il s’identifie au père.
Il entre en phase de latence.
Il a terminé son complexe d’Oedipe.
Si elle n’a pas de pénis, c’est qu’on le lui a enlevé (angoisse de castration).
La fille désire posséder un pénis comme le père qui se transforme en désir d’avoir un enfant du père.
La mère devient une rivale et un objet d’identification. Elle veut être comme elle pour séduire le père.
Aucune menace extérieure vient contrecarré son projet vis-à-vis du père.
Aussi son fantasme d’avoir un enfant du père restera encore longtemps.
Les deux enfants ont atteint le stade génital après tous ces petits drames.
Ils ont conscience qu’ils devront aller chercher à l’extérieur un partenaire et non plus dans la famille.
C’est la phase de latence. Durant quelques années ils vont pouvoir apprendre, fabriquer, s’occuper des autres…
Jusqu’à l’adolescence où tout recommence.
Le complexe d'Oedipe selon Lacan
Avec Freud, le complexe d’Oedipe est une scène à 3 personnages, avec Lacan la scène se déroule à 4 : le père, la mère, l’enfant, le phallus.
Ce dernier, dans la théorie lacanienne est
1ier temps de l’Oedipe :
Une personne après sa naissance s’occupe particulièrement des soins de l’enfant. Cette personne peut-être de n’importe quel sexe, cette personne peut être deux personnes peut importe.
Pour simplifier, nous appellerons mère cette personne là.
Les contacts et les soins de la mère ne sont pas suffisant pour l’enfant. Il imagine que le seul désir de la mère est lui même car il pense qu’il manque quelque chose à cette mère. Aussi désire-t-il beaucoup plus Il désire être ce qui manque à sa mère, le phallus. Il devient désir du désir de la mère. Il s’identifie à l’objet de ce désir. Il est le phallus.
A ce stade, l’enfant n’est pas un sujet. il se confond avec l’objet du désir de l’autre. Il y a fusion avec sa mère .Il n’a ni individualité ni subjectivité.
A cause de l’identification au phallus, il s’identifie aussi à la mère. C’est le narcissisme primaire.
2ième temps de l’Oedipe
Mais en fait la mère manifeste un autre désir que cette fusion. Elle va voir ailleurs pour satisfaire d’autres désirs.
L’enfant ne peut donc pas combler totalement sa mère.
Cet ailleurs qui satisfait la mère, on peut l’appeler X. Un ailleurs inconnu.
L’enfant, s’apercevant que sa mère désire autre chose que lui, inconsciemment va mettre en place une opération du type “- il existe autre chose que moi que ma mère désire.
– ses désirs sont multiples et ne sont pas tous centrés sur moi. “
Cette opération se nomme chez Lacan, la métaphore paternelle.
A cet ailleurs où la mère désire, l’enfant lui donne inconsciemment un nom, qu’il ne connaîtra jamais, imprononçable. Ce nom se nomme le Nom du Père.
Le fait de nommer quelque chose introduit alors l’enfant dans l’ordre symbolique du langage et de la culture.
Dans l’inconscient de l’enfant la métaphore paternelle lui interdit de rester le phallus de sa mère.
Dans l’inconscient de la mère, elle cesse de fusionner avec lui. Elle désire ailleurs.
C’est la mère qui déclenche la métaphore paternelle dans l’inconscient de l’enfant grâce à son désir autre que celui de l’incorporer.
3ièeme temps de l’Oedipe :
A partir de ce moment l’enfant n’est plus le phallus, objet du désir de sa mère. Il s’identifie au père, celui qui a le phallus. Ainsi, l’enfant devient-il sujet indépendant. Il n’est plus l’objet de sa mère.
Il accède ainsi au langage et à la culture. grâce à la castration due au signifiant particulier qu’est le Nom du Père.