Belley
- par gabriel
- dans Biographies
- sur 15 juin 2022
Mes années Belley
La pâtisserie de mes parents est l’un de ces trois magasins à côté de la mairie tout à droite. J’opterais pour celui du milieu. On voit le couloir à côté du magasin Mais la vitrine me semble un peu grande. J’attends une réponse de l’office du tourisme de Belley. Les adresses des trois magasins et de la mairie sont respectivement 5,7,9,11 Boulevard de Verdun.
Mes parents ont eu l’opportunité de prendre une pâtisserie en gérance à Belley en 1951. J’imagine leur bonheur. Mon père pouvait enfin exercer son véritable métier et ma mère continuait sa profession de vendeuse. J’avais entre 6 et 7 ans et mon frère Gérard entre 1 et 2 ans.
Je revois cette pâtisserie. Une devanture où étaient exposés les gâteaux et les viennoiseries. Une entrée, au fond du magasin une banque derrière laquelle se tenait ma mère pour accueillir les clients qui payaient leur marchandise. Derrière la banque, une porte donnant sur une petite pièce sombre sans fenêtre meublée d’une table et enfin derrière, la cuisine. Je ne me souviens plus du tout où se trouvait le laboratoire où travaillait mon père. J’ai tendance à le confondre avec celui de la pâtisserie de mon oncle. Peut-être avait-il la même disposition par rapport au reste de la maison. Les chambres se trouvaient à l’étage. Je me souviens de l’une d’entre elle, mais je ne sais plus combien il y en avait. Tout à côté de la vitrine de la pâtisserie un couloir sombre fermé d’une porte épaisse partait de la rue et distribuait l’étage supérieur.
Je pense que nous sommes arrivés à Bellay en plein milieu de l’année scolaire car se posait le problème de mon entrée à l’école.
Pourtant, à peine étions nous arrivés et installés que nous apprîmes le décès de ma Grand-mère Claudia le 5 décembre 1950. Mon père n’a pas pu se rendre aux obsèques faute de moyen de transport. Ils ont envoyé une gerbe.
J’ai retrouvé miraculeusement sur internet, une photo de la classe de monsieur Neyroud sur laquelle je figure. Malheureusement, cette photo n’est pas datée. Je suppose qu’il s’agit de l’année scolaire 1952-1953.
Chant “les crapauds” https://youtu.be/xj9AtKq3rf”
Chant “Se quento” https://youtu.be/u79PX9sdYGs
Chant “le vieux chalet” https://youtu.be/uONpTOTB9s
Un jour, mon père est revenu en disant que je pouvais commencer ma scolarité à 6 ans. Je pense donc que j’ai dû être inscrit en cours préparatoire en octobre 1951. L’école se trouvait dans une grande bâtisse au milieu d’un parc ombragé appelé promenoir.
La classe du cours préparatoire était assurée par Mme Ogier, la femme du directeur de l’école. Elle nous apprenait à lire et à compter. Pour lire, elle écrivait de grandes lettres avec une craie blanche au tableau noir. Nous devions réciter tous ensemble les syllabes qu’elles formaient : « B et A Ba ; C et A Ca ; D et A DA : beu et A Ba, que et A Ca, De et A Da ».
Je pense que j’ai appris à lire très vite, puisque souvent, arrivé à la maison, je me plongeait dans des livres parfois assis sur le pas de la porte du magasin. Ma mère s’inquiétait et me conseillait de moins lire afin d’éviter le risque d’attraper une méningite.
Madame Ogier nous apprenait à compter avec des bûchettes que nous devions rassembler en paquet de 10. J’étais certainement un bon élève car ma maîtresse m’aimait bien ainsi que son mari que je ne connaissais que très peu.
Après cette première année en CP, je suis passé dans la classe supérieure, celle de Monsieur Neyroud en Cours élémentaire.
Chaque matin, nous avions une leçon de morale à partir d’un texte. L’une d’elle m’avait particulièrement frappé. C’était sur la conscience professionnelle. Un fabriquant de vélo a volontairement utilisé un cadre défectueux, fragilisé par une paille d’air dans sa structure. La personne qui a acheté le vélo a été victime d’un grave accident à la suite de la rupture de ce cadre alors qu’il roulait à grande vitesse.
Nous lisions à haute voix chacun son tour une partie d’un texte d’un livre de lecture appelé « le Dumas ». Je craignais tellement de mal lire que j’appréhendait le moment où le maître allait prononcer mon nom pour m’indiquer de continuer la lecture. Pourtant je lisais bien. Mais déjà, je visais sans m’en rendre compte la perfection.
Je ne me souviens que très vaguement des apprentissages en calcul : les additions et soustractions.
On apprenait aussi des chants : « petite campanule » ; « les crapauds » ; « le vieux chalet » ; « se quanto ».
Le bidule et un cornet de glace à la pistache
Je ne mangeais pratiquement jamais de gâteaux. de les voir fabriquer m’en ôtait l’envie.
Cependant j’adorais quand mon père fabriquait des glaces. Il avait une grosse machine dans laquelle tournait une grande palette en métal qui mélangeait la glace et l’empêchait de geler complètement. Il appelait cette machine la turbine et la palette intérieure, le bidule. Lorsqu’il avait terminé de turbiner, il enlevait le bidule de la machine et me le donnait à lécher. Je ramassais le reste de glace avec la langue et avec les doigts. C’était très bon. J’appréciait particulièrement la glace à la vanille. Beaucoup plus tard, mon père me donna sa recette et j’en fabriquait moi-même.
J’adorais la glace verte à la pistache, je l’appelais « glace à la moustache ». Elle, je la mangeais dans un cornet. Je n’ai jamais retrouvé ce délicieux goût qui me hante encore.
Un jour deux dames discutent en regardant la vitrine de la pâtisserie, certainement la mère et la fille. Je me trouve à proximité et entends ce qu’elles disent : « j’ai envie d’un chausson aux pommes » ; après avoir observé les viennoiseries, « Et puis non, ils sont tout rapapla ». Je ne sais pas si la rapaplitude des chaussons était réelle. Mais je fus vexé pour mon père.
Pour un mariage, il avait fabriqué une pièce montée. Il plaçait une multitude de petits choux remplis de crème pâtissière à l’intérieur d’un cône métallique. Il les collait avec du caramel liquide qui durcissait en refroidissant.
En retournant le cône une fois su surface intérieure remplie et en l’ôtant apparaissait une belle pièce montée dorée. Il craignait qu’elle ne s’effondra. Mais ce fut une réussite.
Au moment de Noël, mon père fabriquait de longues bûches. Elles devaient mesurer environ entre 50 et 75 cm. Elles étaient recouvertes soit de crèmes au beurre de différents parfums, soit de crème de marron.
Il fabriquait aussi des chocolats. Il s’asseyait à la table de la cuisine et avec divers instruments, il trempait des écorces d’orange, des boules de « truffes », des griottes dans du chocolat fondu, et les laissait sécher sur une grille en fer. Je regardais patiemment ses gestes avec admiration.
Mon père avait embauché un apprenti dont je ne me souviens plus du nom. Ils avaient confectionné beaucoup de bûches pour noël. De grandes belles bûches appétissantes. Ils les avaient entreposées au frais sur des bancs dans le couloir attenant à la pâtisserie. Elles semblaient être en sécurité. Pourtant le lendemain, mon père retrouva toutes les bûches à terre.
Immédiatement il pensa qu’il s’agissait d’un méfait de l’apprentis. Il l’appela et sans autres explications lui asséna un grand coup de pied au cul comme cela se faisait à l’époque pour corriger les adolescents. L’apprenti, vexé, partit en courant. Dans cette histoire, je pris le parti de mon père tant je le voyais en colère et désespéré. Comme tout enfant, il était inconcevable pour moi qu’on puisse faire du mal à mes proches. Mais le soir même ou le lendemain, on vit un chat apeuré s’échapper à grande vitesse du couloir. Et immédiatement le coupable s’imposait à mon père. Il était dépité. Il fallait réparer sa réaction épidermique avec l’apprenti. Il partit avec moi chez ses parents. Il s’excusa et expliqua son erreur. Mais les parents répondirent que le jeune apprenti ne voulait pas revenir quoiqu’il en soit. Nous repartîmes tous les deux très attristés.
J’accompagnais souvent mon père pour acheter quelques ingrédients. Il me prenait par la main. Mais il entourait mon poignet avec son auriculaire. Cela me gênait. Alors je prenais son petit doigt pour le remettre au même rang que les autres. Mais bien vite il recommençait. Cela durait tout le temps du voyage.
Un matin, nous partîmes tous les deux à la pharmacie. Il acheta une lotion qu’il me fit sentir. L’odeur en était très agréable et j’aurais aimé respirer sans cesse cette effluve. Il me dit qu’il ne fallait pas en boire beaucoup. D’après mes souvenirs, je pense qu’il s’agissait d’eau de fleurs d’oranger ou de fleurs d’acacia. Il me semble qu’il avait acheté ce flacon pour moi afin de calmer une certaine nervosité que je manifestais constamment.
Plus tard, il prit son vélo et m’emmena avec lui après m’avoir installé sur le porte bagage. On roulait assez vite lorsque tout à coup mon pied droit se coinça dans les rayons de la roue arrière. On s’arrêta et je descendis du porte bagage. J’avais très mal à la cheville. On revint à la maison ; Mon père raconta à ma mère notre mésaventure. Il enleva ma chaussure et la chaussinette. Il tordit mon pied dans tous les sens pour voir si ça me faisait très mal. Il en conclut que je n’avais rien de grave et je me suis mis à remarcher normalement. Plus âgé, je fis la relation entre cet événement et ma façon de marcher avec le pied droit légèrement tourné vers l’intérieur.
J’avais très mal aux dents. Ma mère me donna un cachet pour me calmer. Pour me détendre je m’allongeai sur la table du sombre petit vestibule, sans fenêtre. A mon réveil, je me trouve entouré de mes deux parents affolés et d’un médecin plutôt rassurant. J’étais tombé de la table et je m’étais assommé. J’avais une bosse sur la tête. Et comme j’étais tombé à peu près de ma hauteur, le médecin décréta qu’il n’y avait pas lieu de s’affoler.
Ma mère me demanda d’aller acheter une grosse boîte d’allumettes chez l’épicier du coin. J’étais très content qu’on me donna cette responsabilité. Lorsque je revins, je déposai fièrement la grosse boîte devant ma mère sur le comptoir du magasin tout en tapotant dessus avec ma main. Tout à coup, la boîte prit feu et une grande flamme jaune s’éleva. Cet incendie involontaire ne fut que fugitif car les petits morceaux de bois des allumettes brûlèrent rapidement. Il ne restait plus qu’un petit tas de cendre.
J’adorais lire et parfois je m’asseyais sur le pas de la porte du magasin, un livre entre les mains et je le dévorais. Mais ma mère s’inquiétait de cette passion. Elle me disait de ne pas lire trop longtemps afin que je n’attrape pas de méningite. Ce n’étais pas de l’humour. Elle était très sérieuse en disant cela. Mais je ne prenais pas trop au sérieux ses inquiétudes
J’aimais jouer avec le tiroir-caisse. Il était constitué d’une poignée métallique creuse dans laquelle se trouvait cinq touches. Pour l’ouvrir, il fallait appuyer sur l’une ou plusieurs d’entre elles ce qui faisait retentir un léger son de clochette. Si on n’appuyait pas sur la bonne combinaison de touches un son strident alarmait toute la maison. Cela empêchait les voleurs de prendre la recette de la journée. Lorsque me mère me le permettait et sous sa surveillance, je m’amusais à ouvrir ce tiroir ou bien à faire retentir l’alarme.
Merci à Etsy.com qui m’a permis de retrouver des images de ce tiroir-caisse.
La famille Nicolas habitait à la mairie à côté de notre magasin. Ils en étaient les concierges. Mes parents avaient sympathisé avec eux. Ils nous avaient invité et nous nous étions rendus dans leur appartement. Ils avaient plusieurs enfants dont deux garçons plus âgés que moi.
Ils se trouvaient un après-midi sur les escaliers à l’intérieur de la mairie, au premier étage. Moi, j’étais au ré-de chaussée. Tout à coup je sentis sur ma tête s’écouler un liquide chaud. Je les regardais. Ils se tordaient de rire en me disant : « on t’a pissé dessus ». Je fus horrifié et je partis en pleurant me réfugier auprès de ma mère et lui raconter ma mésaventure. Les deux garçons m’avaient suivi de loin et rassurèrent ma mère : « non on ne lui a pas pissé dessus, c’était de l’eau chaude envoyée avec un pistolet. On a fait ça pour rigoler ».
Le 1,3-dichlorobenzène est un produit de faible toxicité utilisé comme insecticide (anti-mites) mais aussi dans les blocs pour cuvettes et chasses d’eau, en tant que désodorisant.
Symptômes
vomissements
diarrhée
douleurs abdominales
J’adorais certaines odeurs, en plus de celles émises par les pots d’échappement des voitures, j’aimais beaucoup celle du paradichlorobenzène.
Je me souvenais parfaitement du nom que ma mère m’avait répété plusieurs fois. Je le décomposais ainsi : paradis puis chlorobenzène. Plus tard, au collège ou au lycée j’appris l’origine de ce nom difficile. Para-di-chlore-benzène.
Ce produit servait à éloigner les mites dévoreuses de laine des armoires aux vêtements. C’était des petites boules blanches.
Alors que j’étais assis devant une armoire, je voulu me rendre compte si la saveur de ce paradis était toute aussi prometteuse que son odeur. Je croquai à pleine dent dans une boulette. Aussitôt, j’eus envie de vomir. Ma mère, qui était à proximité, me réprimanda et me fit tout recracher.
Au moment des vacances mes parents ma placèrent chez une nourrice. C’était une famille de viticulteurs. J’avais une chambre pour moi tout seul. Je me revois dans les bras de la nourrice apeuré car son mari me disait qu’il y avait un gros méchant loup noir sous mon lit et que je ferai bien de vérifier. Sa femme lui demanda d’arrêter ses bêtises car j’étais vraiment effrayé. Elle se pencha avec moi pour que je puisse regarder. Il n’y avait rien et je fus rassuré.
Mais pendant longtemps avant d’aller me coucher je ne pouvais pas m’empêcher de regarder sous mon lit pour m’assurer que rien de dangereux s’y cachait. Dans ma tête cela pouvait être un animal sauvage ou un voleur.
Mes parents m’avaient acheté un beau vélo bleu, un vrai vélo de garçon, avec un cadre pour hommes. Afin que je puisse l’utiliser on l’avait amené chez ma nourrice.
Tout content, je voulu l’essayer sur le chemin goudronné. Je gravis avec peine la faible pente pendant une dizaine de mètres. Je retournai le vélo face à la descente et les pieds sur les pédales, je me laissais glisser doucement puis de plus en plus vite. Je ne pus pas m’arrêter et je tombai devant le portail de la ferme. Je glissais sur les gravillons, emporté par l’élan. Mes genoux, mes bras, tout était écorché par les petits graviers Je n’avais pas pu freiner car mes mains trop petites ne pouvaient pas atteindre les manettes.
Mon père et ma mère qui étaient là pour m’encourager dans mon premier exploit me soignèrent avec un produit qui moussait et du mercurochrome.
L’automne était la période des vendanges. Ma famille nourricière nous avait invité pour participer à la cueillette des raisins.
Tout se passait dans la bonne humeur. Certains chantaient, certains se racontaient des blagues d’autres discutaient tout en ramassant les grosses grappes de raisins rouges qu’il fallait poser délicatement dans de grands paniers.
Puis, une fois pleins, on jetait leur contenu dans une hotte portée par un vendangeur. Je me sentais bien dans cette ambiance et je ramassais quelques grappes.
Pendant notre séjour à Belley, mes parents parlèrent entre eux au sujet de Brillat-Savarin, Lamartine, Paul Claudel. Je les écoutais avec attention pour assouvir ma curiosité
Ma mère récitait les quelques vers célèbres de Lamartine « Oh temps suspend ton vol ». Ces vers avaient été écrits sur les berges du lac du Bourget situé à une vingtaine de kilomètres de Bellay.
Au sujet de Brillat Savarin, ils se plaisaient à répéter en fin de repas au moment où on apportait le fromage une de ses citations « un repas sans fromage c’est comme une belle à qui il manque un œil ».
Paul Claudel, très âgé, était venu se réfugier à l’Abbaye de Hautecombe près de Belley. L’information avait été transmise à la radio. Pour mes parents, c’était un évènement.
Souvent, quelqu’un appelait mon père au téléphone. Il ne disait rien. Il ne répondait que oui…oui……oui…Il semblait triste. Lorsqu’il raccrochait, il n’était plus là, il était dans ses pensées.
Puis un jour lorsque je revins de l’école, deux ou trois hommes étaient devant la porte du corridor donnant sur le magasin. Ils collaient des morceaux de cire rouge reliés par de courtes ficelles. Ils installaient des scellés. Ma mère me dit que dorénavant nous n’aurions plus le droit d’aller dans le magasin. Je trouvai cela injuste et une colère intérieure m’envahit. Excédé, je me mis à donner de grands coups de pieds aux trois hommes accroupis devant la porte dont le concierge de la mairie.
Un peu plus tard je me souviens avoir décollé et recollé les scellés. Mon père s’indigna auprès de monsieur Nicolas qu’il croyait être un ami. Il lui répondit qu’il n’avait pas pu faire autrement que d’obtempérer. (En fait, les deux ou trois personnes devaient demander à quelqu’un de venir pour faire cette besogne ou pour être témoins. Ils ont pensé au concierge de la mairie, monsieur Nicolas)
Je compris plus tard que mes parents avaient fait faillite. Leur gérance était défectueuse. Le propriétaire de la pâtisserie leur demandait beaucoup trop d’argent. Apparemment les prédécesseurs avaient essuyé les mêmes revers et n’étaient pas non plus les seuls.
Mais, je pense aussi que personne n’a pu fournir à la justice une comptabilité. Ma mère ne tenait pas les comptes et j’ai su plus tard par ma tante qu’elle avait pris l’habitude depuis qu’elle s’occupait de l’épicerie de sa mère de prendre dans la caisse ce dont elle avait besoin. Je sus aussi sept ou huit ans plus tard que mon père avait été déchu de ses droits civiques.
Je nous revois tous les trois dans un car ou dans un train. Je ne sais pas si mon frère Gérard était présent. J’étais assis à côté de ma mère et mon père se tenait sur le siège en face. Et je l’entends dire : « ce qui nous arrive, c’est de ta faute ».
Mais ce n’est pas un souvenir clair et net comme ceux que je viens de décrire. Autant, je suis sûr de mes souvenirs précédents autant je doute de celui-ci bien qu’il me revienne souvent. Les autres souvenirs sont restés constamment dans ma mémoire et étaient revivifiés au gré des circonstances. Celui-ci m’est venu très tard, peut-être pendant ou après ma psychanalyse. Et je ne puis savoir si c’est un vrai ou un faux souvenir.
Toujours est-il que nous avons dû quitter Bellay.
Mon père prévint Monsieur et Mme Ogier qui furent désolés de me voir partir. Ils m’ont écrit pendant quelques années.
A part cet épisode du train ou du car, je ne me souviens pas comment nous sommes partis. Apparemment nous ne possédions plus rien. Et nous sommes arrivés ainsi à Chalan, un hameau de Combre dans la Loire. C’était fin 1952 ou début 1953. J’avais 7 ou 8 ans.